Rendez-vous au Point Saval
J’ai un rendez-vous au Point Saval
près d’un monument d’un général
qui est inerte et vert-de-grisé,
manifestant un souvenir brisé,
voulant rappeler les jours passés,
des événements qu’on a chassés
de nos mémoires.
Depuis longtemps il raconte sa vie
uniquement aux murs sourds et gris.
Il en parle jour et nuit.
Personne ne s’occupe de lui.
Sauf un pigeon aime
cet homme de guerre.
L’oiseau se perche sur sa tête
qui sert
d’observatoire
puisque ce soldat domine ce
coin.
Mais on le connaît de moins au moins.
Il jette un coup d’œil
d’ensemble
sur la foule et l’avenue
comble.
Il ne réussit jamais à plaire
aux gens et personne ne considère
son regard noir.
On est allé le chercher
dans l’ombre.
Il est revenu des monceaux de décombres
où le vent s’engouffre dans les barbelés
où l’esprit et l’espoir s’en sont
allés.
Ses prouesses ne content plus rien.
On ne met plus l’épée à la main,
homme affamé de gloire!
À vrai dire, je me
demande pourquoi
j’ai pris rendez-vous avec toi
juste près d’un tel monument
qui me fait penser maintenant
à tout autre chose qu’à
toi.
Ce sera Rabelais la prochaine fois,
Voltaire ou Renoir.